Salut Kchriske,
Je précise toujours que je n'interviens qu'en amateur, pour ne pas tromper le "client".
Je bâtarde au ciment quand je suis face à un support ciment, pour faciliter l'accroche. La chaux, pour adhérer, a besoin d'un support poreux. Donc sur un support fermé comme le béton, elle ne suffit pas et a besoin du ciment.
Je crois qu'il y a un "effet d'optique" avec la chaux. Quand on est habitué au ciment, on la trouve trop tendre, pas assez costaud. Mais d'une part elle met des mois, voire des années à obtenir sa résistance maximale par carbonatation, d'autre part, il me semble que ce sentiment, d'un manque de tenue, vient du fait qu'on regarde du vieux. Or, un enduit ou des joints qui souffrent sur un mur centenaire, ce n'est pas surprenant et pas très contraignant en terme d'entretien ! Le mortier finit par sauter, en jouant aussi le rôle de soupape, en quelque sorte. Il a contribué à réguler les taux d'humidité depuis des décennies, en préservant la maçonnerie.
Alors en bâtardant sur support poreux, on fait quoi ? On limite la perméablilité et pour quel gain ? C'est plus dur. Qu'à-t-on à faire de cette dureté ? La chaux a été assez résistante pour maçonner des châteaux et un de ses intérêts est justement que, moins rigide, elle est plus souple. Tant que les fondations ne bougent pas, que les vieux linteaux en bois ne sont pas pourris, et si elle est bien mise en oeuvre, les fissures sont beaucoup plus rares qu'avec le béton. Et des bétons qui vieillissent mal, bien que durs après leur mise en oeuvre, on en voit aussi.
Sa résistance mécanique reste trop faible pour faire des linteaux. Mais encore une fois, si on juge de la chaux par les désordres du bâti ancien, il faudra voir ce que valent vraiment les maisons en béton d'aujourd'hui dans quelques siècles...